#DEEGMENA / La scolarisation des filles en Afrique demeure un défi majeur, avec près de 9 millions de filles âgées de 6 à 11 ans privées d’éducation et seulement 4 collégiennes sur 10 terminant leurs études secondaires. Ce constat a été mis en lumière lors de l’émission "8 milliards de voisins" à l'occasion de la Journée mondiale de l’éducation, où des experts ont souligné les obstacles structurels et sociaux qui freinent l’accès des filles à l’éducation sur le continent.
Lucie Dechifre, responsable de la communication à l'ONG Plan International, et Simone Yankey-Ouattara, directrice du Centre International de l'Union Africaine, ont exposé les initiatives visant à remédier à cette situation. Elles ont notamment évoqué les obstacles majeurs tels que les grossesses en cours de scolarité, le travail infantile et les violences de genre en milieu scolaire qui poussent de nombreuses filles à quitter l’école prématurément. La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces défis, provoquant des ruptures scolaires et une recrudescence des grossesses chez les adolescentes.
Les intervenantes ont également souligné l’importance de campagnes de sensibilisation, comme celle lancée par l'Union Africaine en 2020, #AfricaEducatesHer (l’Afrique éduque sa fille), qui promeut l'éducation des filles, même à distance. Elles ont insisté sur l’intégration de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive, un levier essentiel pour prévenir les grossesses précoces et permettre aux filles de poursuivre leur scolarité.
En parallèle, des initiatives concrètes sont mises en place dans plusieurs pays africains. En Côte d'Ivoire et au Rwanda, par exemple, des infrastructures adaptées, telles que des toilettes séparées et des produits d’hygiène, sont désormais disponibles dans les écoles pour soutenir les filles. Cependant, les experts s’inquiètent de la réduction de l’aide au développement, notamment celle de la France, qui pourrait nuire à ces efforts.
Le témoignage inspirant de Claudia Hunbé, étudiante béninoise en master de sciences à l'Université Paris Dauphine, a également été partagé. Claudia, âgée de 21 ans, a obtenu son baccalauréat scientifique avec la meilleure moyenne du Bénin, avant de bénéficier d’une bourse de 900 euros par mois grâce à la Fondation Vallée. Son amour pour les sciences, nourri par son père passionné, l’a menée à poursuivre des études supérieures en France. Elle rêve d’avoir un impact significatif dans le domaine scientifique, en particulier en médecine.
Les interventions de Lucie Dechifre et Simone Yankey-Ouattara ont mis en évidence la nécessité de changer les mentalités et de combattre les stéréotypes de genre pour encourager les filles à poursuivre leurs études. La transformation de l’Afrique passe par l'éducation des filles, et pour cela, il est important de renforcer les efforts de sensibilisation, d’adaptation des infrastructures et d’engagement des communautés.
Agissons maintenant pour garantir l’accès à l’éducation pour toutes les filles. Soutenons les initiatives locales et internationales, sensibilisons nos communautés et investissons dans des infrastructures adaptées pour un avenir meilleur.
Par Marc Téby (Service communication DEEG)
@8 milliards de voisins, rfi 24 jan 2025